Eric Lovato : "Les cimetières sont des conservatoires d'architecture"

ENTRETIEN - Instituteur passionné par l'Italie, les bicyclettes, les (petites) autos et la littérature, il écrit régulièrement des pièces de théâtre pour enfants qu'il fait jouer à ses élèves. Après avoir publié en 2016 un roman écrit à quatre mains, intitulé Quinconce, il signe en ce début d'année 2021 Le tombeau de Jules, paru aux éditions Les Presses Littéraires. Il y raconte l'histoire de Jules, fraîchement retraité de l’enseignement, qui apprend qu’il ne lui reste peut-être que peu de temps à vivre. Comme son épouse lui refuse l’accès à son caveau familial, il se met en quête d’un emplacement funéraire pour lui seul. La première annonce trouvée dans le journal est la bonne : pour un euro symbolique, il fait l’acquisition précipitée d’un majestueux tombeau, remarquable imitation de celui de son homonyme le pape Jules II. Subjugué par son raffinement architectural, Jules entreprend de l’aménager et y passe de plus en plus de temps, jusqu’à en faire son refuge secret. Il emploie toute son énergie à améliorer le confort de sa nouvelle et supposément dernière demeure.  Jusqu'à reprendre goût à la vie... Eric Lovato répond à nos questions.

Pr Ragondin - Votre roman Le tombeau de Jules vient de paraître. Qui est Jules ?

Eric Lovato - Jules est un prof d’italien à la retraite. Il mène une vie routinière dans un appartement étriqué avec son épouse qui ne pense qu’à cirer tout ce qui lui tombe sous le chiffon. Jules s’ennuie et rêve aux voyages qu’il n’a jamais faits et qu’il ne fera sans doute jamais. Il nourrit une passion sans limite pour les petites autos de collection. Il lit beaucoup et adore la musique. En particulier celle de Bach. Jules fuit le bruit, déteste les surprises, ne se déplace qu’à vélo et toujours avec son teckel caractériel : Gambetta.

Photos de l'auteur : Stéphan Sanchez


Pr Ragondin - Comment vous est venue l’idée de ce roman ?

Eric Lovato - Je ne sais plus très bien comment l’idée du roman m’est venue. J’ai toujours aimé me promener dans les cimetières. Ce sont de véritables conservatoires d’architecture à ciel ouvert. On marche au milieu de monuments somptueux, au calme, sur du gravier. Je me suis perdu avec délices dans le cimetière monumental de Milan, dans ceux de Venise, Brescia, Munich, au Père-Lachaise, dans le cimetière marin de Sète. J’ai été subjugué par les tombes extraordinaires en damiers noir et blanc de Morne-à-L’Eau, en Guadeloupe. Je connais un cimetière oasis au milieu de la plaine de la Crau. Un carré avec quatre cyprès. À Montmajour, entre Arles et Fontvieille, d’anciennes tombes sont taillées dans la roche. Et en Arles où sont les Alyscans, on se croirait à Rome quand on passe parmi les somptueux sarcophages que nous ont laissés nos ancêtres.

Le tombeau de Jules, Les Presses Littéraires, 2021.


Pr Ragondin - Pourquoi avoir choisi le cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence pour cadre de votre histoire ?

Eric Lovato - Aix est ma ville de cœur et elle possède un magnifique cimetière, qui finit en pinède. On s’y croirait en vacances. C’est tout naturellement que je suis allé me plonger dans son atmosphère apaisante et inspirante pendant que j’écrivais mon livre.

Pr Ragondin - La compagnie des défunts ne vous angoisse pas ?

Eric Lovato - Pas du tout. Je me suis élevé à la campagne et notre maison jouxtait le cimetière. Les morts ne m’inquiètent pas. Et puis dans les cimetières que je visite, je ne connais personne. Les trépassés sont des noms gravés dans du marbre. On les lit comme on lirait un livre d’histoire. Rien d’autre.

 La taphophilie est un attrait prononcé pour les cimetières, une passion ou un fort intérêt. Cela peut déboucher sur une forme de tourisme spécialisé.

Pr Radondin - Selon vous, à quel public s’adresse ce roman ?

Eric Lovato - Peut-être aux taphophiles.

Sûrement aux enseignants.

Un peu aux amateurs de petites voitures.

Aux gens qui aiment le calme, les vélos, les chiens et le gewurztraminer.


Pr Ragondin - Peut-il y avoir une suite ?

Eric Lovato - Absolument ! Si je trouve l’énergie pour l’écrire. J’ai quelques idées pour une suite éventuelle. Une histoire de petites voitures et de galopins...

Le site d'auteur d'Eric Lovato.


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Commentaires: 1
  • #1

    Stéphan SANCHEZ (dimanche, 07 février 2021 17:08)

    Je suis en train de relire votre livre cher Eric... ;)