Le docteur Radar terrorise les Années folles

Docteur Radar (tomes 1 & 2) - Simsolo & Bézian

 

Le docteur Radar est né en 2014 de la complicité de Noël Simsolo au scénario et du génialissime Frédéric Bézian au dessin. Personnage machiavélique et détraqué, sorte de Zorglub du début du XXe siècle, excellant dans l'art de la dissimulation et du déguisement, Radar sévit dans une Europe tout juste sortie de la Grande guerre. Sa véritable identité, au début du tome 1, on l'ignore. C'est lui qui se fait appeler par ce nom palindromique, Radar! (notons que dans la zorglangue imaginée par Franquin, où Zorglub devient Bulgroz, Radar aurait l'avantage de demeurer immuable...)

Sa véritable gueule? Même les quelques marlous et gredins qui officient à son service ne la connaissent pas, et ils ne préfèrent pas se risquer à savoir qui est véritablement ce chef sanguinaire qui n'hésite pas à éliminer ses propres serviteurs.

Son ambition? Conquérir l'espace, et notamment la Lune, d'où il pourra à loisir bombarder la Terre et l'asservir, pour en devenir le dictateur universel... Mais cette conquête, il ne peut la réaliser sans compiler les trouvailles, inventions, découvertes des différentes sommités scientifiques mondiales qui travaillent sur le sujet : il va sans rappeler qu'au début des Années folles, s'élever au-dessus de l'atmosphère terrestre n'est qu'un doux fantasme. Mais Radar entend bien accélérer le mouvement de la science vers les étoiles. En réunissant les notes et formules des plus grands savants, il est sûr de pouvoir opérer son coup d'état cosmique. C'est ainsi que le tome 1, Tueur de savants, s'ouvre sur les décès inquiétants de plusieurs savants de renom, et que l'ex-as de l'aviation française Ferdinand Straub, reconverti en gentleman détective, fait le lien entre ces faits divers et remonte le fil de Radar.

En effet, la police brillant par son incompétence, Straub se met en tête de déjouer lui-même le docteur Radar, dans un scénario millimétré imaginé par Simsolo avec ce qu'il faut d'emprunts à l'imaginaire de ces années 1920 remplies de sciences en essor, de dames en beaux habits, de messieurs galants, de surréalisme et, bien sûr, de méchants vraiment méchants, de maîtres du crime style Fantômas et l'abominable Radar. Au dessin, Bézian donne corps à ces personnages avec ce qui fait sa marque et qu'il avait fait éclater dans son grand oeuvre entre 1989 et 1993, la trilogie d'Adam Sarlech : ses traits noirs caractéristiques, ses regards angoissants, ses visages tourmentés, ses mains noueuses et expressives. Le duo fonctionne à merveille. Pour parachever le graphisme torturé, la mise en couleurs crée une ambiance bien spécifique, avec parfois des pages monochromes ou des gris que ne viennent contraster, ici ou là, qu'une robe jaune vif ou un couvre-chef rouge.

Mais voilà, à la fin du tome 1, Radar (dont Straub a trouvé la véritable identité) est parvenu à prendre la fuite de justesse, laissant Mariana, sa maîtresse et dernière complice, pour morte. Le tome 2, Terreur en Italie, reprend peu après, avec l'évasion de Mariana.

Ferdinand Straub retrouve la piste de Radar, qui est loin d'avoir abandonné son plan et qui s'en prend désormais à un savant transalpin, dans l'Italie des Chemises noires de Mussolini.

Straub devient la bête noire de Radar, l'empêcheur de tuer tranquille, et l'on est à l'affût des premiers signes de faiblesse de la part du vilain bonhomme.

 

Pas une minute de répit dans cet album n°2, aussi rythmé et dynamique que le premier, porté par un scénario très bien ciselé et même plutôt dense : mieux vaut le lire sans trop s'interrompre et à tête reposée.

 

 

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